Tel un coffre-fort du patrimoine caribéen,
LA MEdiathèque CAraïbe (LAMECA)
préserve depuis 1997, nombre d'œuvres :
- littéraires,
- musicales,
- documentaires,
-scientifiques, (...),
destinées à étudier, faire connaitre, et promouvoir ce vaste espace, véritable puzzle de cultures, que constitue la Caraïbe.
La conférence est organisée
en collaboration avec le CAGI,
Centre d'Analyse Géopolitique
et International (Guadeloupe)
A l'occasion du 20ème anniversaire de LA MEDIATHEQUE CARAÏBE LAMECA (1997-2017), Un cycle de deux conférences a été présenté :
1/2 - LES GRANDES FIGURES DE LA PENSEE CARIBEANISTE (05 Octobre 2017)
(ici même, sur cette page, et Partie1 Suite)
2/2 - LA CARAÏBE EN ACTES : UNE REALITE CONTRASTEE (06 Octobre 2017)
(Aussi, la médiathèque invitait la population à sa journée portes ouvertes à son siège, Basse-Terre, le 14 Octobre 2017)
1/2 - LES GRANDES FIGURES DE LA PENSÉE CARIBÉANISTE
Avec :
Tony Albina (modérateur)
Andres Bansart (historien et journaliste vénézuélien) :
"L'apport de Simon BOLIVAR à la pensée caribéaniste"
Alex E. Petro (hispaniste) :
"Notre bannzil Caraïbe : une niche dans la pensée pan-américaniste de José MARTI"
Jean Moomou (historien) :
"Théories culturelles et fabrique des identités de l'espace caribéen :
contribution des anthropologues, des littéraires et des linguistes"
Eric Nabajoth (politiste et membre du CAGI, Centre d'Analyse Géopolitique et Internationale) :
"Dr Eric WILLIAMS, sa vision de la Caraïbe".
Située sur le territoire de la ville du Gosier, la Résidence départementale, ancienne résidence du Sous-Préfet de la Guadeloupe, est un lieu de rencontres politiques, culturelles et artistiques.
En entrant, nous accueillent quatre grands panneaux qui illustrent, en textes et en images, divers faits historiques, de même l'économie, la démographie, et un voyage à travers la société. L'archipel d' Antigua et Barbuda nous est offert en un magnifique panorama de biodiversité et de paysages naturels. Puis, la Dominique (la culture des Kalinagos, ce peuple natif appelé "amérindiens" ou "caraïbes" par les colons européens entre autres riches informations diverses), suit Saint-Vincent (texte des paroles de l'hymne nationale, biographie du héro national Joseph CHATOYER ...), et Montserrat (la zone interdite d'accès suite à l'éruption volcanique de 2009, des informations contemporaines sur la ville de Plymouth, ...)
Inaugurée par la directrice de la Résidence Départementale, la conférence débute avec une assemblée de plus d'une centaine de personnes manifestement impatientes (Un mouvement social et le temps orageux perturbent la circulation). En évoquant l'aura de José MARTI et de Simon BOLIVAR, madame la directrice souligne que :
« ce sont de grandes familles européennes qui ont porté,
dans la caraïbe naissante, les prémices d'une identité créole. »
Elle interpelle chacun des intervenants en demandant :
« Mais, qu'en est-il des apports des identités africaines, caribéennes (précolombiennes), indiennes ? … »
affirmant en terminant que :
« … La Caraïbe, qui est multiple, est aussi «UNE» »
Malgré tous les écartèlements identitaires qui secouent ce si vaste ensemble culturel, y aurait-il pourtant une conscience unitaire ?
A Tony ALBINA, Modérateur conscienscieux, d'intervenir en se rappelant la journée d'étude sur la crise économique du 28 Novembre 2017 organisée par le CAGI (Centre d'Analyse Géopolitique et Internationale) au campus universitaire de Fouillole (*NOTES 1) :
"Nous n'avons pas, globalement dans la Caraïbe,
construit une histoire commune qui ferait sens."
C'est cette quête d'identité qui conduit à s'interroger aujourd'hui sur les figures de la pensée caribéaniste. Car si la Caraïbe n'est pas de nos jours une seule et même entité clairement identifiable, il se dessine tout de même un processus de fusion politique et culturelle...
Andres BANSART, historien et journaliste vénézuélien est aussi romancier poète et essayiste.
Parmi sa longue bibliographie, on pourrait citer son livre "Comprendre le Venezuela"
surtout en raison de l'actualité politique du pays.
Il a offert ce livre à la médiathèque LAMECA .
La grande figure de la pensée caribéaniste qu'il souhaite nous présenter est Simon BOLIVAR
(24 Juillet 1783 - 17 Décembre 1830)
Andres BANSART a également offert à la médiathèque LAMECA une petite statuette à l’effigie de Simon BOLIVAR. L'assistance en a été très ravie et amusée.
La gouvernante de Simon BOLIVAR était une femme noire, nous raconte Andres BANSART, l'homme, est issu d'une grande famille aristocratique.
Devenu Sous-Lieutenant à 16 ans, il quitte le Venezuela pour Madrid.
Il embarque le 19 Janvier 1799 à La Guaira pour Veracruz au Mexique d'où il atteint Mexico la capitale, en attendant l'opportunité de traverser le blocus maritime en mer des Caraïbes vers l'Espagne. (A cette époque l’Amérique latine, sous influence espagnole est sous blocus britannique, et le roi d’Espagne est en prise à d’âpres conflits entre absolutistes et libéraux car la révolution française et les ambitions de Napoléon BONAPARTE en Europe provoquent une crise internationale sans précédents)
De son véritable nom, Simón José Antonio de la Santísima Trinidad Bolívar y Palacios, Simon BOLIVAR arrive en Espagne le 13 Mai 1799 au port de Santoña (voir le planisphère ci dessous) d'où il rejoint Madrid pour se former à l'administration d'un gouvernement. A Balboa il se forme en langues, puis se rend à Paris, où il assiste en 1802, au sacre de Napoléon BONAPARTE qu'il admire pour ses idées révolutionnaires. Dès lors, il se jure de libérer l’Amérique de la tutelle espagnole.
Depuis le port de la Corogne, en Espagne, il rentre rapidement au Venezuela le 15 Juin 1802.
Près d'un mois plus tard, le 12 Juillet, il arrive à son point initial de départ, La Guaira.
Il voyage à Charleston aux Etats-unis en 1807 et revient gérer la hacienda vénézuélienne familiale en 1808 alors que débute la guerre d'Espagne.
(Napoléon BONAPARTE fait abdiquer le roi Charles IV d'Espagne, il en résultera de profonds remaniements géopolitiques en Europe et en Amérique).
Simon BOLIVAR est très actif sur la scène politique jusqu'à un soulèvement du peuple vénézuélien en 1809.
En avril 1810, lorsque qu'est proclamé l'acte de soutient au roi Ferdinand VII D'Espagne que Napoléon BONAPARTE à remplacé par son frère Joseph 1er, c'est le début de la guerre d'indépendance du Venezuela.
Promût général, Simon BOLIVAR est envoyé en Angleterre afin de rendre compte de la situation.
Le 05 Juillet 1811 c'est la déclaration d'indépendance de la république du Venezuela.
Mais l'Espagne lance une contre offensive qui aboutit à l'échec de la 1ère République.
Simon BOLIVAR s'enfuit à Curaçao et proclame le 15 Décembre 1812 le « manifeste de Carthagène » dans lequel il analyse les raisons de l'échec de la première république et énonce des préconisations pour le futur.
Entré à Caracas le 06 Août 1813 il reçoit le titre de "LIBERTADOR" après avoir déclaré la « guerre à mort » au régime colonial espagnol.
1815, Exil à la Jamaïque et publication de la « Lettre de la Jamaïque » dans la quelle il se dit déçu de ne pas avoir reçu d'aide de l'Angleterre.
Il part pour Haïti et retourne en Juin 1816 au Venezuela. La nouvelle campagne militaire qu'il y mène est un échec, il revient à Haïti sous la protection de Alexandre PETION, un militaire anti-impérialiste et homme d'Etat haïtien, pour préparer une nouvelle expédition qui finalement sera un succès.
Sur son lit de mort, le 17 Décembre 1830, tant les difficultés auront été grandes, il déclare :
« J'ai labouré la mer ! »
Simon BOLIVAR est aujourd'hui une grande figure historique.
Andres BANSART conclut :
« Si aujourd'hui on ne dit pas «les» Caraïbes, mais «La» Caraïbe,
c'est probablement grâce à l'oeuvre de Simon BOLIVAR. »
QUELQUES FAITS MARQUANTS RESULTANT DE LA PENSEE BOLIVARIENNE :
- 1854, l'esclavage est définitivement abolit au Venezuela avant que le grand homme ne l'ait proclamé auparavant.
- Le Venezuela, qui est connu pour être le pays qui héberge la première ressource mondiale de pétrole, est également bien pourvu en Etain, Cuivre, Or, Argent, Bauxite, Coltan …
- 1999, Déclaration de la République Bolivarienne du Venezuela. C'est la « révolucion ». La mission est de répartir les richesses.
- ALBA (Alliance Bolivarienne des peuples de la Caraïbe, 2004) se définit comme un traité de commerce équitable.
- Petro Caribe est un vaste programme de distribution de pétrocarburants vers les pays voisins toujours en vigueur à l'heure à nous écrivons.
- Le Venezuela à fortement soutenu la création de l'Association des Etats de la Caraïbe (« Grande Caraïbe ») dans la continuité de la vision de Simon BOLIVAR de la « Grande Colombie » ...
La Grande Colombie est le nom que l'on donne à la République de Colombie de 1821 à 1831 pour la différencier de l'actuelle Colombie. Un vaste pays imaginé par BOLIVAR né de l'indépendance d'une partie de l'Amérique du Sud vis-à-vis de l'Espagne.
Le 10 juillet 1810, les habitants de Bogota instaurèrent la première assemblée représentative à défier l'autorité espagnole. L'indépendance ne fut proclamée qu'en 1813 et la République fut proclamée le 17 janvier 1819.
Simón Bolívar en fut le président et Francisco de Paula SANTANDER le vice-président.
Elle fut scindée en trois pays en 1830 après la déclaration du général José Antonio PAEZ :
- la Colombie (dont faisait alors partie le Panama) ;
- l'Équateur ;
- le Venezuela.
- Panama et son canal furent séparés de l'actuelle Colombie par les États-Unis en 1903.
Les actions émancipatrices de Simon BOLIVAR ont mené à la création de monnaies nationale.
Plus vaste état du territoire national Vénézuélien, Bolivar compte de nos jours plus d'1,5 Millions d'habitants.
La capitale en est Ciudad Bolivar, mais la plus grande ville, Ciudad Guayana, rassemble à elle seule plus de 800 000 habitants.
Carthagène, ou Cartagena de indias, capitale du département de Bolivar, en Colombie, regroupe près d' 1 Millions d'habitants.
Concours de beauté national, Festival de musique des Caraïbes, Festival international de cinéma s'y tiennent chaque année.
Le pays natal de Simon BOLIVAR est la République bolivarienne du Vénézuéla, cependant, il a donné son nom à la Bolivie.
Issu du mot basque "ibar",
Bolívar est, à l'origine, le nom d'un village du Pays basque " le village de la vallée du moulin" d'où est originaire l'ancêtre de Simón de Bolívar arrivé à Saint-Domingue au XVI° Siècle.
Au début de son intervention,
Andres BANSART à dédié son exposé
à la mémoire de Alain YACOU
Né le 27 mai 1940, Sainte-Rose, Guadeloupe
Décédé le 7 avril 2016, Charente-Maritime
Chercheur Universitaire, Alain YACOU a contribué à la création de l'université des Antilles et de la Guyane.
Mondialement reconnu pour ses nombreux écrits et travaux sur Cuba et les grandes Antilles hispanophones,
il a fondé et longtemps dirigé le CERC, Centre d'Etudes et de Recherches Caribéennes.
Alex PETRO :
"BOLIVAR et PETION ont jeté les bases de l'anti-impérialisme espagnol dans la Caraïbe"
Militaire et homme d'Etat haïtien, Alexandre Sabès, dit Pétion, participe à la campagne d'expulsion des Britanniques de l’île de Saint-Domingue (1798-1799). Pourtant en 1802 il est accompagné de soldats napoléonniens pour affronter Toussaint LOUVERTURE mais est vaincu par DESSALINES.
Pétion sera élu président de la république d'Haïti en 1806 en contrôlant le sénat et e sud du pays jusqu'à sa mort en 1818.
En 1815, PETION donne asile à Simon BOLIVAR, lui donnant les moyens de faire campagne contre l’Espagne au Venezuela.
Même les Etats-unis soutiennent, par leur président James MONROE, l'arrêt de la politique expansionniste espagnole.
En 1823 Monroe énonce ce qui devint la « doctrine Monroe » :
« le continent américain se veut libre et indépendant, et n’a pas vocation à être colonisé par les puissances européennes »
Cette doctrine s’oppose à l’expansionnisme de l’Europe sur le continent américain.
Cela annonce la volonté des États-Unis d’avoir une influence majeure sur l’avenir du continent.
On assiste ainsi en :
1844, à des mouvements d'indépendance à Porto Rico, Cuba, et Saint-Domingue.
1868, un Coup d'état à lieu à Madrid, c'est "la révolte des généraux" qui inaugure une guerre de 10 ans à Cuba ("la Guerre des dix ans"), et Saint-Domingue jusqu'au traité de "la paz de San-Juan" en 1878.
A ces temps mouvementés, José MARTI, âgé de 17 ans (wikipedia : 16 ans) est déjà engagé politiquement (emprisonné dès son jeune âge, puis déporté en Espagne)
Il part en exil à Paris, au Mexique, au Guatemala, au Venezuela;
A New-York il fréquente entre 1855 et 1858, un important réseau dédié à la libération de Cuba :
Antonio MACEO, Estaban MONTERO (orthographe?), Agustino SEGROGO) (orthographe?),
en 1891 il diffuse le slogan "Nuestra América" ("Notre Amérique") contre la Doctrine MONROE, rejetant ainsi le nouvel impérialisme des Etats-Unis.
Dès 1878, se constitue le Parti Révolutionnaire Cubain (P.R.C), sous la direction de José MARTI
1892, José MARTI lance le le Parti Révolutionnaire Cubain (« Partido Revolucionario Cubano ») dont le principal objectif était d'« obtenir l'indépendance de Cuba »
1893, C'est la 3ème Guerre de libération nationale de Porto-Rico
« Les trois grandes îles doivent impérativement être préservées pour faire face »
(Les trois grandes îles : Saint-Domingue, Cuba, Porto-Rico,
Il lui importe de contrôler les voies navigables entre l'Europe et l'Amérique centrale et du sud via la mer des Caraïbes)
"Ensemble se sauver, ou ensemble disparaître"
José MARTI a une grande considération pour la constitution d'un ensemble culturel et politique à la fois caribéen et panaméricain.
Alors âgé de 22 ans, il est consul de l'Uruguay en Grande-Bretagne.
José MARTI est également un poète reconnu.
A 42 ans, le 19 mai 1895, José MARTI est tué à la Bataille de Dos Rios près de Santiago de Cuba où il repose.
L'Espagne, vaincue, quittera Cuba en juillet 1898, pour être remplacée par les États-Unis...
Alex PETRO :
« "Apôtre" cubain, un des pères de la nation et penseur de "Notre Amérique" (Nuestra América),
c'est ainsi que José MARTI s'est imposé dans l'histoire moderne du continent américain.
Figure du nationalisme non-racialisé, positiviste, MARTI fait partie
du quatuor d'avant-garde aux coté des patriotes porto-ricains
Eugenio MARIA DE HOSTOS, Ramon EMETERIO BETANCES,
et du généralissime dominicain Maximo GOMEZ, planifiant
l'évident projet de l'indépendance absolue de Cuba et de Porto-Rico.
Après la geste du Libérator Simon BOLIVAR, il était devenu pour lui le moment de prévoir
à l'avènement d'une digue stratégique faite de nations antillaises libres pour
protéger le bien commun Antillais et Latino-américain et ce, du RIO Bravo à la Patagonie.
Rêve auquel une balle espagnole mit fin un jour de mai 1895 dans la province d'Oriente (Cuba).»
A 42 ans, le 19 mai 1895, José MARTI est tué à la Bataille de Dos Rios près de Santiago de Cuba où il repose.
L'Espagne, vaincue, quittera Cuba en juillet 1898, pour être remplacée par les États-Unis...
José MARTI est également un poète reconnu.
Alex PETRO à terminé son intervention par une séance musicale, l'écoute de quelques morceaux :
- Abril (poeme de José MARTI, Flores del diestero) interprété par Pablo MILANES sur l'album Abril -Movieplay, 1979-
- Mi verso es como un puñal (poeme de José MARTI, Versos sencillos, parte 5, 1891) interprété par Pablo MILANES sur l'album Versos de José MARTI -Egrem, 1974-
- Imagines latinas (poeme de Bernardo PALOMBO) interprété par Conjuto Libre sur l'album Tiene calidad -Mericana Record, 1978-
Orfevre, militaire Général de division, Sénateur, Alexandre SABES dit PETION (1770-1818) a lutter pour l'émancipation d'Haïti en chassant les britaniques et combattant les espagnols.
Il est un acteur principal de la "guerre des couteaux" (1799 -1800) en soutient à Andre RIGAUD et face à Toussaint LOUVERTURE, une véritable lutte intestine entre indépendantistes.
En opposition à DESSALINES et le ROI CHRISTOPHE, PETION sera élu président de la partie sud d'Haïti entre 1806 et 1818. Une ville aujourd'hui porte son nom "Pétionville"
Cinquième président des États-Unis, James MONROE (1758-1831) est élu pour deux mandats de 1817 à 1825.
Le 2 décembre 1823, à son 7ème message annuel au Congrès, il annonce :
- L'Amérique du Nord et du Sud ne sont plus ouvertes à la colonisation ;
- Toute intervention européenne dans les affaires du continent sera perçue comme une menace pour la sécurité et la paix ;
- En contrepartie, les États-Unis n'interviendront jamais dans les affaires européennes.
Combattant et héros de la lutte pour l'indépendance de Cuba, Antonio MACEO (1845-1896) participe à plus de 900 combats dans la "guerre des Dix Ans" (1868-1878) et la "Guerre d'indépendance" (1895-1898).
Il a été surnommé le Titan de Bronze pour sa force et sa couleur de peau. Les Espagnols le surnomment aussi «Le plus grand lion».
MACEO était l'un des plus remarquables chefs de la guérilla au XIXème siècle en Amérique Latine, comparable à José Antonio Páez au Venezuela pour sa perspicacité militaire.
Le thème initialement prévu était «les pères de l'anthropologie caribéenne».
Cependant, les caribéens se sont orientés plutôt vers l'art, la littérature et l'histoire ou les autres sciences que vers l'anthropologie.
Ainsi, Jean MOOMOU à souhaité nous présenter un autre regard, celui des
«Théories culturelles et de la fabrique des identités de l'espace caribéen :
contribution des anthropologues, des littéraires et des linguistes»
Claude LEVI STRAUSS est un anthropologue européen qui développe le «relativisme culturel» (la culture de chacun ne peut être comprise que du point de vue de cet individu, uniquement dans le cadre de sa propre culture, sent le jugement extérieur) Lors de sa première mission en 1835-1836, il étudie le peuple amazonien des Bororos au Brésil.
La multiplicité des regards et des approches amène à des incompréhensions du mode de pensée des nouvelles cultures ainsi qu'à des affrontements.
Par exemple le vaudou à été attaqué par le catholicisme.
Aussi, les anthropologues américains pointent les traits culturels encore existant dans le «nouveau monde » alors que les noirs américains subissaient la ségrégation.
Toutes ces formes culturelles sont difficiles à définir.
Les anglophones parlent d'hybricité, les francophones de créolité, de métissage, de négritude.
Frantz FANON, (écrivain, psychiatre martiniquais, 1925-1961) s'érige en penseur anti aliénation.
Aimé CESAIRE, (écrivain, homme politique martiniquais, 1913-2008) est critiqué pour être trop centré sur l'Afrique.
Quelle place laissait-il à la Caraïbe ?
A Aimé CESAIRE de répondre :
« Nègre je suis, nègre je resterais »
Claude LEVI STRAUSS a profondement marqué les sciences humaines et sociales ainsi que la philosophie les sciences et les mathématiques par son approche dite «structurale», c'est à dire que, selon lui, les individus participent inconsciement à une logique d'ensemble. Cette logique finale serait la structure ultime à étudier.
Il s'interesse à la méthodologie, la parenté, les mythes et la pensée mythique, l’art, le totémisme, le systeme à maison, ainsi que l’histoire et la prospection (l'analyse du futur)
Il organise plusieurs missions ethnographiques dans le Mato Grosso et en Amazonie au Brésil (1935-1936 et 1938.
Entre temps il à est professeur de sociologie à l'université de Sao-Paulo et a été auparavant professeur de philosophie à Paris. Il fonde l'École libre des hautes études de New York en 1942. Aujourd'hui appelée The New School et considérée comme l'une des meilleures universités au monde dans le domaine des sciences humaines et sociales.
A la deuxieme Guerre mondiale (1939-1945) il s'engage auprès des Forces françaises libres.
Claude LEVI STRAUSS est élu académicien en 1973.
En 2008, le président de la république française Nicolas SARKOZY lui rend visite à son domicile parisien pour s'entretenir avec lui de «l'avenir de nos sociétés».
La même année, la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, annonce pour son centenaire la création d’un Prix Claude Lévi-Strauss, d’un montant de 100 000 euros qui doit récompenser chaque année le « meilleur chercheur » dans les disciplines telles que l’histoire, l’anthropologie, les sciences sociales ou l'archéologie. Son premier lauréat est, en juin 2009, l'anthropologue Dan SPERBER.
Frantz FANON analyse dans ses écrits les conséquences psychologiques de la colonisation, aussi bien pour le colonisateur que le colonisé.
En 1943, il s'engage dans l'Armée française de la Libération après le ralliement des Antilles françaises au général de Gaulle durant la deuxième Guerre mondiale (1939-1945)
Il s'en explique en ces termes :
« chaque fois que la liberté et la dignité de l’homme sont en question, nous sommes tous concernés, Blancs, Noirs ou jaunes »
Il combât sous les ordres du général de LATTRE DE TASSIGNY. Blessé dans les Vosges, son engagement lui laisse le goût amer de la discrimination ethnique et des nationalismes « de petit pied »
En 1945 il soutient la candidature communiste d'Aimé CESAIRE aux élections législatives en Martinique.
Il milite pour l'indépendance de l'Algérie, pays qu'il connait pour y avoir été envoyé quelques semaines en tant que soldat de l'armée française libre. Il y voit clairement le système pyramidale et raciste de la colonisation.
En 1953, il devient médecin-chef d'une division de l'hôpital psychiatrique de Blida-Joinville en Algérie et y introduit des méthodes modernes de « sociothérapie » ou « psychothérapie institutionnelle », qu'il adapte à la culture des patients musulmans algériens
L'homme colonisé est selon lui :
« un être infantilisé, opprimé, rejeté, déshumanisé, acculturé, aliéné, propre à être pris en charge par l'autorité colonisatrice »
Dès le début de la guerre d'Algérie, en 1954, il s'engage auprès de la résistance nationaliste et noue des contacts avec certains officiers de l'Armée de libération nationale ainsi qu'avec la direction politique du FLN le Front de Libération National algérien.
Il démissionne de l'hôpital de Blida-Joinville en 1956 et fini par être expulsé d'Algérie en 1957.
Il analyse également dans ses écrits le processus de la décolonisation alors en œuvre notament en Afrique. De son point de vue, la décolonisation ne serait effective dans ces pays que sur le plan culturel (le retour aux anciennes traditions) alors que le colonialisme se maintiendrait sur le plan économique. Il considère que l'indépendance nationale n'a de sens qu'en intégrant les questions sociales, qui déterminent ce qu'il nomme le « degré de réalité » de cette indépendance (accès au pain, à la terre, au pouvoir pour les classes populaires)
Il rejette sa nationalité française et s'installe à Tunis.
Il est reconnu pour compter parmi les fondateurs du courants de pensée des «tiers-mondistes» et est un « panafricaniste » actif. En 1959, il fait partie de la délégation algérienne au congrès panafricain d'Accra
En mars 1960, il est nommé ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne au Ghana. Il échappe durant cette période à plusieurs attentats au Maroc et en Italie. Il entame à la même époque l'étude du Coran, sans pour autant se convertir.
En 1961 le philosophe Jean-Paul SARTRE, écrivain et philosophe français, accepte sa demande de préfacer son livre « les damnés de la terre » et le rencontre durant trois jours à Rome.
Atteint d'une leucémie, il se fait soigner à Moscou, puis, en octobre 1961, à Bethesda près de Washington, où il meurt sous le nom d'Ibrahim Omar Fanon le 6 décembre 1961 à l'âge de 36 ans, quelques mois avant l’indépendance algérienne.
Dans une lettre laissée à ses amis, il demandera à être inhumé en Algérie où sa tombe a été érigée à Aïn-Kerma.
En 1982 Marcel MANVILLE, philosophe martiniquais, ravive la pensée de Frantz FANON lors d'un mémorial international sous forme de colloque en son honneur en Martinique.
Aimé CESAIRE (1913-2008), écrivain et homme politique français,poète, dramaturge, essayiste, biographe, enseignant en lettres.
En 1931 il étudie l'hypokhâgne à Paris s'immergeant dans un véritable creuset intellectuel. (l'hypokhâgne est la première année d’un cycle de deux ou trois ans conduisant aux Écoles normales supérieures, ENS).
En 1934, Aimé CESAIRE fonde le journal L'Étudiant noir, avec d’autres étudiants antillo-guyanais et africains dont le Guyanais Léon GONTRAN DAMAS, le Guadeloupéen Guy TIROLIEN, les Sénégalais Léopold SEDAR SENGHOR et Birago DIOP)... C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de « Négritude », le mouvement littéraire qu'il initie.
Rentré en Martinique en 1939, il fonde en 1941 la revue Tropiques en réaction au « doudouisme », une forme littéraire exotique portée par exemple par Mayotte CAPECIA qui véhiculerait des clichés néfastes pour la population locale. La revue cessera de paraître en 1943 suite à la censure instaurée par le régime de l'amiral ROBERT, représentant sur l'île du gouvernement de VICHY du Maréchal PETAIN, régime pro nazi en opposition au Général de Gaulle qui clame une France libre (Occupation par l'allemagne lors de la seconde Guerre mondiale (1939-1945).
Il adhère au PCF Parti Communiste Francais en 1945
1945-1993 il est député de la Martinique et maire de Fort-de-France (1945-2001).
En 1946 il obtiendra la « départementalisation » de la Martinique et des plus anciennes colonies françaises.
En 1956, après la révélation par le rapport Khrouchtchev des crimes de Staline qui l'a « plongé dans un abîme de stupeur, de douleur et de honte », CESAIRE rompt avec le Parti communiste français dont il dénonce l'ambiguïté face à la déstalinisation. Il s'inscrit alors au Parti du regroupement africain et des fédéralistes, puis fonde en 1958 le Parti progressiste martiniquais (PPM), au sein duquel il va revendiquer l'autonomie de la Martinique. Il siège à l'Assemblée nationale comme non inscrit de 1958 à 1978, puis comme apparenté socialiste de 1978 à 1993.
Anticolonialiste, il a tenu a renouer fermement avec la composante africaine de sa culture.
Surnommé « le nègre fondamental », il a influencé nombre d'auteurs tels que Frantz FANON et Édouard GLISSANT qui ont été ses élèves au lycée Schœlcher en Martinique, le guadeloupéen Daniel MAXIMIN entre autres, dont maints intellectuels africains et noirs américains en lutte contre la colonisation et l'acculturation.
Il réagit vivement en opposition à la loi française du 23 février 2005 sur les aspects positifs de la colonisation qu'il faudrait évoquer dans les programmes scolaires. Ainsi il refuse de recevoir Nicolas SARKOZY alors ministre de l'intérieur de la République Française. En mars 2006, Aimé CESAIRE revient sur sa décision, à la suite de la médiation de Patrick KARAM, et reçoit Nicolas SARKOZY étant donné que l'un des articles les plus controversés de la loi du 23 février 2005 a été abrogé entre temps.
En 2007, il devient président d'honneur de la Maison de la Négritude et des Droits de l'Homme.
Le 9 avril 2008, il est hospitalisé pour des problèmes cardiaques au CHU Pierre ZOBDA QUITMAN de Fort-de-France . Son état de santé s'y aggrave et il décède le 17 avril 2008.
Après quoi,
Jean MOOMOU évoque :
Jean BENOIST (Médecin, anthropologue contemporain francais)
Michel LEIRIS (ethnologue, écrivain, poète, critique d'art français, 1901-1990)
Roger BASTIDE (Sociologue, ethnologue francais, 1898-1974)
Jean-Luc BONNIOL (Historien, anthropologue francais, né en 1946)
Alfred METRAUX (Anthropologue suisse, 1902-1963)
Jean BENOIST
Universitaire, médecin et anthrropologue) chef de laboratoire des Instituts Pasteur d'outre-mer, puis professeur à l'université de Montréal et à celle d'Aix-en-Provence, il a travaillé sur les sociétés créoles, en particulier dans les départements d'outre-mer français de la Martinique et de La Réunion, et à l'île Maurice. Il y a étudié les sociétés de plantation et les formes de l'hindouisme implanté dans les îles (Antilles, Mascareignes) par les travailleurs immigrés au XIXème siècle.
Il a contribué au développement de l'anthropologie au Québec et à la connaissance des structures sociales et culturelles des sociétés créoles, et en particulier de leur rapport au religieux, mais aussi à la compréhension des rapports entre les pratiques médicales et la culture.
Il a créé le Centre de Recherches Caraïbes de l'Université de Montréal et l'association AMADES (Anthropologie Médicale Appliquée au Développement et à la Santé).
« c’est un cri qui sort de loin, c’est un cri qui vient du fond de nos entrailles… Nous revendiquons la réhabilitation. Nous exigeons un monument à la hauteur du crime commis »
Né en 1958, Patrick SAINT-ELOI est décédé le 18 Septembre 2010
Cité egalement à l'inauguration du Mémorial ACTe, par Victorin LUREL, président de région, Paul VALERY exprime dans l'un de ses poèmes "Le cimetière marin" le refus de vivre dans le passé car ce serait succomber à la mort :
WKTL-AGENCY : Je n'ai pas trouvé la source de la citation originale dont il est question plus haut, néanmoins je partage cette rime, à mon sens adéquate, sortie du -cimetiere marin- :
"Le vent se lève!. . .
Il faut tenter de vivre! "
En totale opposition avec "Essai sur l'inégalité des races" de Joseph GOBINEAU (Diplomate et écrivain francais, 1816-1882), paru en 1884
En épuisant un à un les arguments du racisme, FIRMIN tente de ruiner les systèmes de compartimentage et de hiérarchisation des races humaines, fondées sur le volume de la boîte crânienne, la texture de la chevelure, les caractérisations phénotypiques, les répartitions linguistiques et cetera
Michel LEIRIS Ecrivain poète, ethnologue, et critique d'art français (1901-1990)
Il repasse, en 1918, la deuxième partie de son baccalauréat de philosophie qu’il obtient « tant bien que mal » d'après ses dires.
Il découvre le jazz, le whisky, les boîtes de buit de Montmartre et des chanteuses noires américaines, comme BRICKTOP, venues s'installer à Paris après la guerre.
En 1920, il prépare l’examen d’entrée à l’Institut de chimie, après quoi il se tourne vers l'art. Il sera prôche de Pablo PICASSO et du courant « surréaliste »
En 1921, Michel Leiris commence son service militaire au fort d'Aubervilliers, puis à l’Institut Pasteur, où il termine ses deux ans de conscription.
Marxiste, il est néanmoins sensible aux critiques de SOUVARINE à l'endroit du Parti Communiste Soviétique.
Avec l’appui de Georges Henri RIVIERE, sous-directeur du Musée d’ethnographie du Trocadéro, LEIRIS est officiellement recruté, en 1931, par Marcel GRIAULE en tant qu’homme de lettres et étudiant en ethnologie faisant fonction de secrétaire archiviste de la Mission ethnographique, la « Mission Dakar-Djibouti ». Bien qu'il n'ait pas de formation d'ethnologue, l'intérêt qu'il a montré au cours de sa collaboration à la revue "Documents" pour les relations entre les sciences sociales et le marxisme lui vaut d'être choisi pour cette expédition. Le journal de bord de cette mission est publié sous le titre de "L'Afrique fantôme".
Une fois de retour à Paris il se met à étudier l'ethnologie en suivant les cours de Marcel MAUSS à l'Institut d'ethnologie, puis prend la responsabilité du Département d'Afrique noire du Musée d'ethnographie du Trocadéro, l'ancêtre du Musée de l'Homme).
Désormais licencié de lettres en 1938, LEIRIS est nommé directeur de service au Laboratoire d’ethnologie du Muséum national d'histoire naturelle, puis entre comme chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) tout en demeurant affecté au musée de L'Homme. Il en reste salarié jusqu’à sa retraite, en 1971. En 1942, LEIRIS rencontre Jean-Paul SARTRE . Les deux écrivains se sont auparavant mutuellement lus et appréciés (« La Nausée » de Sartre et « L'âge d'homme » de Leiris
En 1957 il tente de se suicider, restant quatre jours dans le coma, relatant le tout dans le troisième tome de "La Règle du jeu, Fibrilles".
En 1960, Michel LEIRIS participe à la fondation et à la direction des Cahiers d’études africaines publiés par l’École pratique des hautes études (VIe section).
Toujours en 1960, prenant position contre le colonialisme, il est parmi les premiers signataires du Manifeste des 121 - Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, et également membre du Mouvement de la paix, publié en septembre dans différents périodiques, qui furent saisis ; vingt-neuf des signataires, dont LEIRIS, furent inculpés de provocation à l’insoumission et à la désertion.
Le 25 octobre 1960, année de l’accession à l’indépendance des colonies françaises d’Afrique noire et de Madagascar, une commission paritaire du CNRS se réunit en conseil de discipline pour examiner le cas des chercheurs signataires du « Manifeste des 121 ». Tentant de se défendre, LEIRIS affirme que sa vocation d’ethnologue le pousse à défendre les peuples qu’il étudie et dont il est
« l’avocat désigné, celui qui plus que quiconque doit s’attacher à faire admettre leurs droits,
sans excepter le droit de lutter à leur tour pour se constituer en nation ».
Le 7 décembre, un blâme lui est infligé.
Jean ROUCH conseille à LEIRIS en 1967 de postuler au grade de directeur de recherche au CNRS. Il est nommé directeur de recherche en janvier 1968.
Avec Robert JAULIN et Jean MALAURIE, il assure parallèlement aux cours officiels d’ethnologie à la Sorbonne en 1969, la critique des théories d’ethnologie dans le cadre de l’« enseignement critique et polémique », en plus de son œuvre autobiographique, d'importantes études de critique esthétique et d'ethnologie. Il a notamment travaillé sur la croyance en la possession en Éthiopie (culte des génies « zar »), dans une perspective proche du thème sartrien de la mauvaise foi existentielle et des travaux d'Alfred METRAUX, dont il était un ami proche, sur le culte vaudou en Haïti.
LEIRIS a fondé en 1986 avec Jean JAMIN la revue d'histoire et d'archives de l'anthropologie Gradhiva, au musée de l'Homme, aujourd'hui publiée par le Musée du quai Branly
Hospitalisé à l’Hôpital américain de Neuilly à la suite d'une crise cardiaque, il décède le dimanche 30 septembre 1990.
Roger BASTIDE Sociologue et anthropologue francais spécialiste de littérature brésilienne (1898-1974) «Agrégé de philosophie en 1924, il intègre la mission d'enseignants européens à la nouvelle université de São Paulo en 1938 pour occuper la chaire de sociologie.
Professeur de sociologie à São Paulo de 1938 à 1957, il fait paraître de nombreux articles et études en portugais portant essentiellement sur les religions africaines au Brésil et en Afrique, comme Le Condomblé de Bahia : rite Nagô (1958).
En 1958, il est nommé professeur d’ethnologie et de sociologie religieuse à la Sorbonne et publie Sociologie et psychanalyse.
Il dirige la revue L’Année sociologique de 1962 à 1974, ainsi que le Centre de psychiatrie sociale et le Laboratoire de sociologie de la connaissance.
Ses derniers travaux traitent des maladies mentales chez les Africains et les Antillais vivant en France et des troubles d’adaptation des anciens déportés sur lesquels il a réuni une riche documentation.
"JE EST UN AUTRE" (Lettre à Paul Demeny datée du 15 mai 1871)
En citant ainsi Arthur RAIMBAUD dans son discours à l'inauguration du Mémorial ACTe, centre caribéen d'expressions et de mémoire de la traite et de l'esclavage de la Guadeloupe le 10 Mai 2015, Victorin LUREL, président de région, s'inscrit dans l'altérité propice au pardon et au partage d'expériences de vie. Le poète français s'opposait à la pensée de DESCARTES (Philosophe français, physicien, mathématicien, 1596-1650) selon lequel le doute serait la manifestation de l'existence de l'être. Arthur RIMBAUD, se disant lui même être Autrui, s'observe en train de créer...
27 avril 1848 - Signé par le gouvernement provisoire de la deuxième République française, le décret d'abolition de l'esclavage que Victor SCHOELCHER défend fermement est adopté. Il pensait d'abord à une abolition progressive dans le temps, cependant après divers voyages en Afrique et aux Antilles il est partisan de l'abolition immédiate.
Vincent PLACOLY va partager sa vie entre l’écriture, l’enseignement et le militantisme. René MENIL, compagnon d’armes d’Aimé CESAIRE a été son professeur de philosophie Durant de nombreuses années. Il a participé à la création, en 1971, du Groupe Révolution Socialiste qui se bat pour l’émancipation sociale et économique des Antilles). Grand défenseur de l’américanité, Vincent PLACOLY est en pleine rédaction d’un essai sur ce sujet quand il meurt le 6 janvier 1992 à Fort-de-France.
Jean-Luc BONNIOL Anthropologue et historien français né en 1946 il enseigne l'’anthropologie à l'Université Paul Cézanne Aix-Marseille 3. Membre du Centre de recherche Norbert Elias (UMR 8562 du CNRS Centre National de la Recherche Scientifique). Il s'implique professionnellement à la Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (Aix-en-Provence), ce après avoir enseigné de 1973 à 1982 à l’Université Antilles-Guyane et résidé successivement en Guadeloupe et en Martinique.
Il est membre du Comité international des études créoles, membre du Conseil de rédaction de la revue L'Homme, et Président de la 20e section (ethnologie, anthropologie, préhistoire) du Conseil National des Universités de 1999 à 2003.
Son champ d'étude en anthropologie scrute le cas spécifique de petites populations insulaires (Terre-de-Haut des Saintes et la Désirade en Guadeloupe) à travers l’« objet racial » et la persistance des modes coloniaux de classe dans les sociétés post-esclavagistes d'Antilles francaises.
Il a ainsi abordé le thème du « métissage » et ses représentations au travers des faits d’alliance et de procréation, tout en étendant sa réflexion au domaine du mélange culturel, ce qui l’a conduit à aborder le thème de la « créolisation ».
La trace « colorée » de l’esclavage l’a également inspiré, en réaction à la montée de fortes préoccupations sociales et identitaires à la fin des années 1990, jusqu'à fouiller la thématique de la mémoire de l’esclavage.
A la Réunion, il scrute le thème du paysage, aussi bien dans sa réalité matérielle que dans ses représentations.
Enfin, il s’est investi, dans une « ethnologie du proche », sur le terrain des Causses et des Cévennes, en France. Il s'y efforce de penser à une anthropologie des représentations du passé, en lien avec les processus identitaires, cela en complément des identités fondées sur l’apparence et l’hérédité, les identités fondées sur le territoire, le paysage et la mémoire collective’.
Édouard GLISSANT est Directeur du Courrier de l'Unesco de 1981 à 1988) et Président honoraire du Parlement international des écrivains en 1993. Il reçoit à plusieurs reprises le titre de Docteur Honoris causa de diverses universités par le monde (de l'Université de Bologne par exemple, en 2004). Il mène l'essentiel de sa carrière universitaire aux États-Unis, d'abord à l'Université d'État de Louisiane (LSU) à Baton-Rouge, puis à New York. Il préside par ailleurs en 2006 la mission de préfiguration d'un Centre national consacré à la traite, à l'esclavage et à leurs abolitions. En 2006, il fonde l'Institut du Tout-Monde, à Paris.
Cet essai provoquera en réaction la rédaction de « De l'égalité des races humaines
(anthropologie positive, 1885 ) d'Anthénor FIRMIN (Homme politique et intelectuel haïtien, 1850-1910) en totale opposition avec Joseph-Arthur GOBINEAU.
Alfred METRAUX (1902-1963) anthropologue suisse puis de nationalité américaine depuis 1941.
Spécialiste des peuples d'Amérique latine, d'Haïti et de l'île de Pâques, son œuvre touche aussi bien l'histoire, l'archéologie que l'ethnographie.
Il rencontre Michel LEIRIS à l'École nationale des chartes, à Paris où il étudie. Il poursuit ses études en langues orientales et en sciences religieuses. Puis à la sorbonne il présente une thèse ès lettres en 1928 sur le peuple argentin des Tupinambas avec comme professeur Marcel MAUSS.
Toujours en 1928, il fonde l’Institut d’ethnologie de l’Université nationale de Tucuman en Argentine. Durant six années il effectue de nombreuses recherches de terrain, pour regagner les États-Unis en 1938 et se faire engager à la Smithsonian Institution qui patronne le Bureau of American Ethnology.
En1945 il participe à la mission sur les bombardements alliés en Allemagne et en 1946 responsable de la recherche du département des affaires économiques et sociales de l'ONU à New York
De 1959 jusqu'à sa mort, il est directeur d'étude à la VIe section de l'École pratique des hautes études, à Paris, et dirige le séminaire « Ethnologie et sociologie des populations indigènes d'Amérique du Sud ».
Il s'empoisonne aux barbituriques le 11 avril 1963 prenant note sur un carnet des étapes de son intoxication. Dans sa lettre d'adieu Il proteste contre l'indifférence de la société envers les personnes âgées.
Selon Victorin LUREL, président de la région Guadeloupe dans son discours d'inauguration du Mémorial ACTe, centre de mémoire des esclavages, le monument a été conçu et bâti pour tenter de panser, voire de refermer les blessures de l’Histoire, dans une démarche « Vérité et Réconciliation », comme ont su le faire Nelson MANDELA et Desmond TUTU en Afrique du Sud.
Durant plusieurs années de sermons et de prédications, Desmond MPILO TUTU, dit Desmond TUTU, fait passer « un message de paix et de non-violence » critiquant aussi bien l'apartheid que les Noirs qui réclament vengeance. Il
participe aux réunions clandestines du "Black consciousness movement" dont le leader Steeve BIKO a été assassiné en 1977 entrainant la confusion dans le pays.
Au sein du TEF (Theological Education Fund, Fond d'Education Théologique, dont il est vice directeur en Angleterre entre 1972 et 1975), Tutu participe aussi au mouvement de Black theology (théologie noire) et s'initie à la théologie de la libération venue d'Amérique latine.
Laënnec HURBON est Directeur de recherches au CNRS France, et professeur à l’université Quisqueya de Port-au-Prince, dont il est l’un des membres fondateurs. Il est co-titulaire, avec l’historien Michel HECTOR, de la chaire Unesco en Haïti sur l’Histoire de la traite et de l’esclavage. Spécialiste, par ailleurs des rapports entre religion, culture et politique dans la Caraïbe, auteur de plusieurs ouvrages sur les rapports entre religion, culture et politique en Haïti et dans les pays de la Caraïbe.
La linguistique, la littérature et l'anthropologie ont ainsi nourri la recherche d'une identité propre face à l'assimilation jusqu'aux années 60.
Désormais on parle d'antillanité.
Édouard GLISSANT (Ecrivain martiniquais, poète, philosophe, enseignant de littérature, 1928-2011) parle d'entité rhizome, contestant la créolité.
Ci-contre, l'extrait video d'un entretien accordé à Laure ADLER, "Linvitation au voyage", Paris, 2004.
Jean MOOMOU se rappelle les discours des hommes politiques François HOLLANDE (président de la République Française) et Victorin LUREL (Président du Conseil Régional de la Guadeloupe) lors de l'inauguration du Mémorial ACTe, des discours empreints de citations des grands penseurs anti-esclavagistes et émancipateurs.
Victorin LUREL :
« nous croyons ensemble avec Martin LUTHER-KING,
(Pasteur américain, militant pour les droits des afro-américains, pour la paix, et contre la pauvreté, 1929-1968)
que : « ce qui a été instauré par l’illusion de la suprématie peut être restauré par la vérité de l’égalité ».
Il cite le chanteur et poète guadeloupéen Patrick SAINT-ELOI :
« c’est un cri qui sort de loin, c’est un cri qui vient du fond de nos entrailles… Nous revendiquons la réhabilitation.
Nous exigeons un monument à la hauteur du crime commis ».
Saluant le combat de Louis DELGRES il annonce la construction d'un historial au fort Delgrès.
Et de poursuivre "L’altérité est ici posée" et l’autre c’est nous, en citant Arthur RIMBAUD :
« - Je - est un Autre ».
"Le Mémorial ACTe a été conçu et bâti pour tenter de panser, voire de refermer les blessures de l’Histoire, dans une démarche « Vérité et Réconciliation », comme ont su le faire Nelson MANDELA et Desmond TUTU en Afrique du Sud."
Citant également Paul VALERY ( Evrivain, poète et philosophe francais, 1871-1945) il s’agit bien d’ :
« Un passé qui refuse de passer ».
et, en parlant du batiment du Mémorial ACTe « On l’a voulu beau et majestueux ; c’était le vœu d’Edouard Glissant. Nos architectes, nos entreprises, nos bureaux d’études, nos ouvriers et les fonctionnaires de la Région sont des artistes. Qu’ils trouvent, ici, l’expression de toute notre reconnaissance.
Edouard Glissant, encore lui, prophétisait que :
« si nous voulons partager la beauté du monde, et si nous voulons être solidaires de ses souffrances,
nous devons apprendre à nous souvenir ensemble ».
« Tel est notre pari, telle est notre audace.» conclu le président de la région Guadeloupe.
Télécharger le discours de Victorin LUREL à l’inauguration du Mémorial ACTe.
ON Y TROUVE LA LISTE DES PERSONNALITÉS INVITÉES
Ce méme jour inaugural, François HOLLANDE, président de la république française de 2012 à 2017, évoque l'Abbé GREGOIRE, Victor SCHOELCHER, les esclaves, les citoyens « ordinaires » de France et de toute l'Europe, le peuple haïtien, ainsi que l'ardent désir d'Aimé CESAIRE de voir se réaliser un tel projet, et à Victorin LUREL de saluer le CIPN (Comité International des Peuples Noirs).
Ce sont d'abord les littéraires qui ont pris en main le sujet de l'identité caribéenne, puis les anthropologues, les historiens, et linguistes, sociologues, pshychanalystes, etc ...
L'historien Jean MOOMOU a dans la même lancée une pensée pour les poètes André SWARTZ-BART (« La négresse Solitude ») et Vincent PLACOLY (« Frère Volcan »).
1988 « Le barbare imaginaire » humaniser le barbare Gobinot écrivain inégalité entre les races humaines livre
l'image du noir Anthénor FIRMIN
En conclusion il souligne que les concepts théoriques sont limités par les auteurs, les époques, et notre propre altérité.
'En plus des apports des anthropologues, linguistes et littéraires, l'historien guyanais termine son intervention par ces termes :
« Nous ne pouvons pas faire abstraction des artistes »
(Compas, Reggae, Calypso, ...)
Suite et fin avec Eric NABAJOTH qui passe en revue la vison de la Caraïbe du Docteur Eric WILLIAMS
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[èé] WKTL-AGENCY est depuis 2012 une agence de développement local. Nous axons notre expertise autour des perspectives d'avenir
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